Voyages & Road Trip à Moto sur La Carretera Austral
En 1976, le Chili prend la décision de désenclaver les grandes terres du sud. Au départ de Puerto Montt, c’est tout un désert vert, blanc et bleu qu’il faudra peupler. C’est pour cette raison que naît la Carretera Austral, la route australe.
Sa construction fût un défi extraordinaire, comme si la nature s’opposait à ce viol de ses terres. Il est vrai que la nature est ici terriblement puissante, violente parfois. Car outre les difficultés liées à la géographie, rivières tumultueuses, marécages, montagnes, fjords majestueux, forêts primaires, glaciers suspendus, il fallut aussi se heurter à la fureur des entrailles de la terre. En 1991 le volcan Hudson recouvrit des milliers d’hectares d’une épaisse couche de cendres. Mais cela n’empêcha pas le chantier d’avancer.
A ce jour, la route mi-piste mi-bitume rejoint le champ de glace nord puis le lac Carrera, le deuxième plus grand d’Amsud après le Titicaca, et enfin Villa O’Higgins à 580 kilomètres de Coyhaique quasi seule trace de civilisation de cette sauvage contrée. Au-delà, barrière infranchissable, se profile le Campo de Hielo Sur. Jumeau du précédent, il forme la troisième étendue de glace au monde après l’Arctique et l’Antarctique. Punta Arenas, la grande ville du sud Chili est à 1000 km et il faudra passer par l’Argentine pour y accéder et rejoindre la terre de Feu.
Vous l’aurez compris, ce périple est à nul autre pareil. Avec moins d’un habitant au kilomètre carré, c’est l’endroit rêvé pour se retrouver, profiter des embruns du Pacifique cher à Magellan, du silence et parfois des hurlements du vent, de cet espace infini qui c’est vrai, exigera de vous une âme d’explorateur amateur de sensations.
Au bout du chemin, la récompense est assurée, ce qu’avait bien ressenti le grand poète chilien Pablo Neruda. Il a écrit « je prends congé, je rentre chez moi, je retourne en Patagonie »